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A l’heure du télétravail, que penser des bureaux individuels ?

Avril 2022

L'expert

Marc Bertier

Marc Bertier

Expert Workplace Strategy

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mbertier@kardham.com

Après avoir fait la guerre au bureau individuel, plusieurs utilisateurs engagés dans la transformation de leurs environnements de travail ont réintroduit des espaces pouvant ressembler à… des bureaux individuels. Dans le même temps, l’enquête « Mon bureau de demain » rappelle régulièrement que pour les jeunes générations (ou du moins les étudiants du programme Grandes Ecoles de l’Essec) le bureau individuel fait toujours envie : 27% d’entre eux en 2013, 38% en 2020.

Face à ce double constat, que faut-il penser du bureau individuel ?


Côté pour
, un certain nombre d’avantages sont rappelés : plus grande concentration, sentiment d’intimité, de bien-être en permettant notamment de se soustraire du regard de l’autre, meilleure appropriation de l’espace, tout en évitant le sentiment d’être interchangeable.
C’est encore un point d’ancrage favorisant l’intégration sociale : celui qui vous cherche peut vous trouver facilement.
Enfin le bureau est une preuve tangible de la réussite professionnelle.

Côté contre, le bureau individuel serait principalement une marque archaïque du travail à l’ancienne, pour ne pas dire « à la papa ». Certains managers transforment volontiers leur bureau en salle de créativité ouverte à toute l’équipe pour démontrer leur modernité. D’autres choisissent volontairement de ne pas avoir de bureau et souhaitent être traités de la même façon que leurs équipes.

Les gestionnaires de l’espace sont parfois embarrassés par le bureau individuel et ses codes : ils ont tout le mal du monde à faire déménager les occupants aussi vite que les réorganisations s’enchainent, ils peinent à trouver des fenêtres supplémentaires pour honorer toutes les promotions et sont fréquemment à la recherche de surfaces pour accueillir de nouveaux collaborateurs. Tout cela en optimisant les coûts et si possible en réduisant les surfaces.

En effet, un des principaux défauts du bureau individuel est qu’il nécessite de l’espace. Un programme moyen en bureau individuel requiert environ 15m² utiles par personne. En partage de poste, en prenant en compte deux à trois jours de télétravail, la surface par personne est divisable par deux. A l’heure du télétravail, la tentation est grande : à quoi bon un bureau occupé qu’une moitié de la semaine ? La lutte contre le bureau individuel n’est pas nouvelle et spécifiquement liée au télétravail. Elle est concomitante à l’avènement des NWOW et à leur corolaire spatial, l’environnement dynamique.
Dans les années 2010, certains grands utilisateurs commencent donc à le limiter sérieusement et fixent des maximum (10% des postes par exemple).
Puis, progressivement, ce maximum a baissé pour approcher la suppression totale. Ces programmes ont eu des succès mitigés, selon les typologies de site (notamment site siège versus site de production), les différentes pratiques organisationnelles et managériales mais aussi la culture de l’environnement de travail, notamment avec la notion d’exemplarité.

Au-delà de ces difficultés, quelles sont les bonnes raisons de réintroduire des ersatz de bureau dans les environnements de travail ?
Les enquêtes et retours terrains montrent qu’il reste une qualité du bureau individuel que les environnements partagés peinent à offrir : l’appropriation d’un lieu, la possibilité de se recréer un cocon protecteur pour les jours les moins bons comme les meilleurs. Ces bureaux, qui deviennent des lieux d’équipes, ne visent pas que le travail en interaction. Ils doivent permettre d’afficher des photos de l’équipe ou de fêter un évènement en toute intimité. Ils sont des points de repères, des lieux de retrouvaille et de moments partagés. Ce ne sont pas forcément de grands espaces : ils doivent permettre de regrouper une équipe soudée, équipe qui est donc souvent relativement restreinte. Reste à déterminer le bon nombre de ces espaces et à s’assurer de l’exemplarité des managers pour garantir leur fonctionnement. Investir dans de tels espaces questionne la vocation du lieu de travail : lieu de rencontre, de sociabilisation avez-vous dit ?

Date de parution : Avril 2022

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Docteur en socio-économie

Chercheur associé au LATTS

Fondateur de DIT Conseil (Data, Immobilier, Territoires)

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