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Concilier bâtiment et comportements des occupants : enjeux et méthodes pour accompagner les changements

Juillet 2021

L'expert

Expert - Delphine Labbouz

Delphine Labbouz

Consultante-chercheuse indépendante, docteure en psychologie sociale et environnementale, spécialiste de l'accompagnement des changements de comportements pour la transition écologique

Dans le monde du bâtiment, les actions visant à atteindre des objectifs de développement durable sont souvent centrées sur des solutions matérielles, structurelles, techniques et technologiques. Pourtant, les comportements des occupants jouent également un rôle indispensable pour économiser l’eau et l’énergie, réduire les déchets ou améliorer la qualité du tri par exemple. Il est donc important de faire le lien entre la technique et les occupants, à toutes les phases d’un projet, de la conception à l’exploitation-maintenance. Il s’agit de placer l’humain au cœur de la performance énergétique et environnementale du bâtiment.

Quels enjeux ?

Les effets positifs des démarches visant à impliquer les occupants sont multiples. Tout d’abord, elles favorisent l’appropriation, l’acceptabilité, l’adhésion et l’engagement. Elles participent aussi à l’augmentation de la satisfaction des occupants, à leur confort perçu et à leur bien-être, tout en les incitant à prendre soin de leur bâtiment. Ces éléments liés à des dimensions plutôt individuelles se conjuguent avec des dimensions davantage collectives. En effet, les démarches d’implication renforcent le lien social, la dynamique de groupe et le sentiment d’appartenance. C’est aussi un levier pour éviter conflits, tensions, résistances et blocages tout en améliorant l’impact et l’efficacité des actions.

Dans un projet lié au développement durable, impliquer les occupants est un facteur clé pour accompagner les changements vers davantage de comportements sobres, performants, vertueux et durables. Ces changements de comportements peuvent mener à une économie sensible de la facture énergétique, jusque 20 % selon certaines études.

 

Comment associer les occupants ?

Le recueil et la prise en compte desbesoins et attentes des occupants, grâce à des enquêtes de terrain, par entretiens semi-directifs et questionnaires par exemple, offrent une base d’informations très riche qui permet notamment de contextualiser l’approche. En outre, il est important de communiquer sur les enjeux afin de préciser l’approche environnementale parfois encore floue. Pourquoi est-ce important d’économiser l’énergie et de réduire l’impact environnemental des bâtiments ? Quels sont les avantages ? Quels sont les bénéfices concerts pour l’environnement, le confort, la santé ou le lien social par exemple ?

La communication doit cependant aller au-delà des enjeux pour montrer comment chaque occupant peut agir à l’échelle de son bâtiment. Quelle est la part de responsabilité de chacun ? Quels sont les impacts des éco-gestes ? Comment agir à l’échelle individuelle et collective ? Quelles sont les recommandations concrètes ? La communication faisant partie intégrante de la transformation, elle vise à permettre à chaque occupant des’engager dans l’action, grâce à des démarches participatives et de co-construction, qui considèrent l’usager comme un expert de son lieu de vie, souvent porteur de solutions justes et adaptées.  

L’accompagnement vers des changements de comportements en faveur de la transition écologique peut s’effectuer avec différents outils méthodologiques, par exemple : des activités ludiques et conviviales, des échanges entre collègues, des moments plus formels de formation, une démarche de « sensibilisation par les pairs ». Établir une relation de proximité, avec des rencontres en face-à-face, offre naturellement des effets beaucoup plus puissants que les échanges virtuels ou les réseaux sociaux et permet notamment d’adopter une posture de facilitation et d’écoute active, avec bienveillance, respect et empathie, sans être dans le jugement ou la moralisation.

 

Comment pérenniser les changements de comportements ?

Il faut d’abord susciter des émotions positives : plaisir, satisfaction, fierté, optimisme, et favoriser les motivations internes (ou intrinsèques) plutôt qu’externes (récompenses, punitions, incitations, contraintes…). Par exemple, se sentir compétent et autonome, agir en cohérence avec ses valeurs et objectifs personnels, donner du sens à son travail ou à ses actions sont des leviers positifs vers un changement de comportement qui procure du plaisir et de la satisfaction. Il s’agit en outre de créer de la cohérence entre les différentes sphères de vie (domicile, travail, loisirs) dans un souci d’approche globale de changement des comportements.

Dans les organisations, il faut s’appuyer sur le collectif : faire partie d’un groupe qui partage les mêmes valeurs et préoccupations permet de maintenir la motivation, réduire le sentiment d’isolement et augmenter l’efficacité perçue des actions. Cela contribue également à créer une nouvelle identité commune, de nouvelles normes sociales pour rendre durables les changements collectifs et donner un sens plus large à la dimension environnementale, à partir de laquelle on peut créer de la cohésion.

Date de parution : Juillet 2021

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