Diversité et Diver(c)ité

L'expert

Selon le cabinet Deloitte qui a interrogé pour le Crédit Agricole Ile-de-France dirigeants et DRH, 80 % d’entre eux considèrent que la diversité et l’inclusion représentent des avantages compétitifs pour leurs organisations. Et désormais, des metrics commencent à émerger. « Les entreprises dotées de stratégies d’inclusion ont 60 % de chances supplémentaires d’augmenter leur productivité, d’améliorer leur image de marque et d’attirer les talents », note cette étude. C’est notre conviction car nous sommes persuadés que la diversité crée de la richesse.

Parité et diversité

La parité n’est plus un sujet tabou dans l’industrie immobilière. Il y a un peu plus d’une décennie, la loi Copé-Zimmerman a posé les premiers jalons d’une représentation plus équilibrée des femmes et des hommes au sein des conseils d’administration et de surveillance. A notre échelle, la charte d’engagement en faveur de la parité et de l’égalité professionnelle femmes-hommes dans les entreprises et les organisations du secteur immobilier, signée effectivement par plus d’une centaine d’entre nous, a agi le rôle d’un révélateur. Sur la photo de notre filière, les femmes et les hommes doivent prendre leur pose avec équité et vérité. Cette dynamique est en marche. Elle ne s’arrêtera pas. Mais elle ne doit pas faire oublier qu’au-delà de la parité femmes-hommes, un autre mouvement ne demande qu’à émerger. Celui-là puisera ses sources dans la diversité – nécessaire - des profils et des cultures. Pour construire la ville de demain dont il sera question un peu plus bas, il faut des architectes, des constructeurs, des promoteurs et des investisseurs. Mais il faut aussi des démographes, des sociologues, des philosophes, des intellectuels et des citoyens qui la pratiquent au quotidien. Il faut aussi des hommes et des femmes qui viennent d’autres cultures, d’autres pays, d’autres horizons car la ville est l’affaire de tous et pas seulement de la puissance publique.

Diversité et mixité

Depuis quelques années, le champ de la diversité grignote aussi la géographie des immeubles. Finie la séparation des fonctions qu’on empilait comme les tranches d’un millefeuille. Aujourd’hui, les saveurs se mélangent en bouche. Avec une petite longueur de retard sur quelques-uns de nos amis européens, les immeubles – surtout parisiens – ont redécouvert les vertus de la mixité des fonctions. Mélanger du bureau avec du commerce, de la résidence étudiante avec du logement comme dans un grand shaker s’est révélé être le terrain de réflexion favori des observateurs de l’immobilier. Dans une dynamique portée par les nouveaux usages, les porteurs de projets se sont pris à imaginer de la mixité à tous les étages. L’inauguration, ces jours-ci, de Morland Mixité Capitale qui a poussé l’exercice de la mixité à son comble avec pas moins de 11 usages identifiés devrait jouer le rôle de kick-off dans la création d’une nouvelle génération d’immeubles. Pour s’en donner un petit aperçu, la déferlante des espaces de coworking en France qui constitue désormais un nouveau marché – celui du bureau opéré – nous donne quelques clés de lecture. Les codes du bureau, de la maison et de l’hôtellerie se mélangent. Et force est de constater que l’utilisateur – vous, moi, les autres – aime cela.

Mixité et diverse cité

Si nous aimons cela, pourquoi ne serions-nous alors pas conquis par l’impérieuse nécessité de la diversité de la ville ? L’Homme – on le sait – est d’un naturel grégaire. A l’échelle parisienne, il prône la diversité mais il fait exactement le contraire. Il habite dans des quartiers où les autres lui ressemblent. Il travaille dans le CBD ou le QCA, des acronymes qui semblent tellement surannés. A l’heure où la diversité est prônée à tout bout de champ, nous faisons exactement le contraire. A telle enseigne qu’il est légitime de poser la question : voulons-nous vraiment vivre dans une ville diverse ?

Le mouvement de la ville mixte est pourtant déjà en marche. A Paris encore, des quartiers entiers changent de visage, l’Est parisien devient désirable, une nouvelle géographie tertiaire – soutenu par un solide réseau de mobilités – fait son nid. Bien sûr, nous n’en sommes qu’aux tous débuts. Bien sûr, nous ne voulons pas perdre nos repères. Mais une chose est certaine : l’immobilier a tout à gagner de la diversité. Des lieux. Des femmes et des hommes. Des immeubles.  

Date de parution : Mai 2022