Les tiers-lieux de transition (TLT) : des organisations d’ESS pour un autre « à venir » !

L'expert

Les tiers-lieux de transition sociétale : de quoi s’agit-il ?

Les nouveaux comportements plus responsables de consommation, les nouvelles manières de travailler (télétravail), le nouveau rapport au travail (travail-emploi que l’on a, plutôt que le travail que l’on fait), les stratégies de responsabilité sociale des entreprises, apparaissent comme autant de changements adoptés. Mais, ils ne sont pas parvenus à lutter contre l’entropie de l’économie industrielle reposant sur la standardisation et l’épuisement des ressources. Les dysfonctionnements systémiques rencontrés supposent de produire non seulement de l’anti-entropie (Morlat et al. 2020, p.136) mais aussi, de la néguentropie, i.e. : de la diversification et du mouvement. A ce titre, ce n’est pas tant le nombre de tiers-lieux qui importe – plus de 3700 en 2024 – que leur diversité : tiers-lieux nourriciers, tiers-lieux culturels, tiers-lieux artisanaux, tiers-lieux agroécologiques, tiers-lieux solidaires, etc. Tous représentent un mouvement socio-économique vers un modèle de développement soutenable des localités où ils se créent et où ils évoluent. Pour Stiegler (2020, p.82) : « la localité est l’avoir lieu d’où émerge une orientation, c’est-à-dire un sens – une fin, surgie d’une part d’un vécu partagé par une communauté constituant ainsi un savoir, ou plutôt un faisceau de savoirs, toujours déjà en train de diffracter en direction d’un avenir diversement ouvert ».

Les tiers-lieux de transition sociétale : des structures conviviales !

Illich (1973, p.43) désigne « l’autre possibilité : une structure conviviale ». Il précise : « une société conviviale est une société qui donne à l’homme la possibilité d’exercer l’action la plus autonome et la plus créative, à l’aide d’outils moins contrôlables par autrui. La productivité se conjugue en termes d’avoir, la convivialité en termes d’être ». Les tiers-lieux de transition apparaissent comme des structures conviviales de rupture car, ils sont au service des hommes et des femmes qui y évoluent et qu’ils sont contrôlés par ceux-là. Les tiers-lieux de transition deviennent alors des potentiels de bifurcation, qui s’extraient du modèle de l’économie industrielle pour élever les valeurs sociétales des citoyens selon les potentialités économiques, sociales, de gouvernance, liant tous les vivants à l’échelle de chaque territoire. N’oublions pas que : « la transition émerge d’initiatives citoyennes d’échelle locale » (Beucher et Mare 2020, p. 386). Les tiers-lieux solidaires expérimentent les ruptures nécessaires à la transition et portent vraiment un nouveau modèle de développement territorial plus soutenable !

 

Bibliographie indicative :

• Beucher S., Mare M., 2020, « Cadre épistémologique de la notion de transition en sciences humaines et en géographie », Bulletin de l’Association des Géographes Français [On line], 97-4/2020, p. 382-394, en ligne le 31 juillet 2021, consulté le 31 décembre 2021. URL : http ://journals.openedition.org/bagf/7554.
• Glémain P., Billaudeau V., 2021, « Les autres lieux de l’entrepreneuriat et du salariat », Revue d’Économie Régionale et Urbaine-RERU, 2021/5 Décembre, p.927-951.
• Glémain P. ? Billaudeau V., 2022, « Les Tiers-Lieux de Transition Sociétale en Région Ouest de la France : Penser un transitio-mètre pour comprendre leurs effets transitionnels au niveau local ». Norois, 2022/3 n° 264-265, p.139-155.
• Illich I., 1973, La convivialité. Paris, Éditions du Seuil.
• Morlat C., Landau O., Sentis Th., Cormerais F., Alombert A., Krzykawski M., 2020, « Économie contributive, processus territoriaux de capacitation et nouvelles modalités comptable », p.127-156, dans Stiegler B. (dir)., 2020, Bifurquer. Paris, Les Liens qui Libèrent-LLL.
• Stiegler B. (dir)., 2020, Bifurquer. Paris, Les Liens qui Libèrent-LLL

Date de parution : Juin 2024